Die Kunst der fuge

Avec ses quatorze contrepoints échevelés (par mouvements contraires, en miroir), ses quatre canons et une dernière fugue laissée en suspens sur un contre'sujet qui cite les quatre lettres du nom de Bach (dans le solfège allemand : si bémol, la, do, si naturel), L'Art de la fugue n'entonne pas seulement le chant du cygne du Cantor, son requiem chiffré. Pour la postérité, il symbolise le manuel d'écriture par excellence, la bible suprême. Destiné au clavecin ou à l'orgue (verdict sans appel de Gustav Leonhardt), L'Art de la fugue semble résoudre au tableau noir les équations polyphoniques les plus ardues. Réalisée sur un orgue strasbourgeois, copie d'instruments anciens aux registres très colorés, l'interprétation de Bernard Foccroulle substitue à cette algèbre l'arc-en-ciel d'un traité de peinture. Son éditeur a choisi d'illustrer l'enregistrement avec un collage cubiste de Braque, de 1912. Un tableau abstrait aux tons purs et chatoyants d'un Kandinsky, d'un Klee ou d'un Delaunay aurait été encore plus approprié !