Soldats bretons en algérie

La guerre d'Algérie : une sale guerre comme on dit. Comme s'il existait des guerres propres. Une guerre à laquelle ont participé des milliers de jeunes Bretons, de 1954 à 1962. Parmi eux Robert le Goff. Ancien journaliste au Télégramme, il a entrepris de nous dire, à travers de nombreux témoignages qui étaient ces appelés du contingent, comment ils vécurent ces longs mois loin de leurs foyers. Il y eut le temps du silence. De très longues années durant lesquelles le souvenir de la guerre d'Algérie se résumait chaque année, le 19 mars, aux traditionnelles cérémonies commémoratives. Dans l'indifférence ou presque. Mais aujourd'hui la voilà qui revient cette guerre, comme un boomerang, avec son cortège d'interrogations, de remises en cause. Et cette nécessité, de ceux qui y laissèrent une bonne partie de leur jeunesse, de le raconter. Parce qu'enfin on est prêt à les entendre. Une parole qui se libère et qu'à su capter dans toute sa force Robert le Goff. Pas en guerrier, mais en journaliste. La torture ? Robert le Goff l'évoque sans détours pour dire que, contrairement à ce qu'à longtemps voulu faire croire le discours officiel, elle ne s'est pas limitée à des actes isolés. «La pratique de la torture fut institutionnalisée, enseignée dans des centres spécialisés à des gradés jugés capables de l'appliquer. On l'utilisa sans justification d'urgence autre que le pur résultat opérationnel.» De cette guerre, quelque 1.200 jeunes Bretons ne revinrent pas. Des jeunes, dit Robert le Goff, «à qui on ne demanda jamais leur avis en les engageant dans la défense d'une cause, dont la passion empêchait de voir qu'elle était perdue d'avance.» Yvon Corre «Soldats bretons en Algérie» de Robert le Goff.