Cité des enfants perdus [La]

Dans un univers hors du temps, sur une plate-forme en mer peuplée d’étranges personnages, une créature du nom de Krank (Daniel Emilfork) n’a qu’une obsession : capturer de jeunes enfants afin de leur voler leurs rêves. Hélas pour lui, l’un des bambins enlevé a pour frère l’homme le plus fort du monde (Ron Perlman), et il n’est pas content du tout… En 1995, quatre ans après le remarquable Delicatessen, le duo Caro et Jeunet livrait une nouvelle aventure fantastico-poétique fortement imprégnée de sa personnalité si particulière. Dominique Pinon et Jean-Claude Dreyfus, déjà présents dans le film précédent, étaient encore de la partie ainsi que le fameux directeur photo Darius Khondji. Moins chaleureux que Delicatessen, mais plus spectaculaire, La Cité des enfants perdus est une œuvre fantasmagorique très ambitieuse, dont les images laissent souvent sans voix (on peut d’ailleurs y voir des similitudes troublantes avec Dark City signé par Alex Proyas en 1998). Tourné à Arpajon, sur 4000 m2 de décor en ferraille, le film, doté d’un budget de 90 millions de francs, a bénéficié d’effets spéciaux et de trucages très inventifs. L’extravagance des costumes est due à Jean-Paul Gaultier, et la partition, à Angelo Badalamenti. Les références affluent (Jules Verne, Charles Perrault, Jean-Pierre Tardi, etc.) et on peut être rebuté par cette avalanche de créatures monstrueuses (Marc Caro joue lui-même un « troglodyte ») ou par le jeu outré des acteurs, mais aux plans visuel et artistique, La Cité des enfants perdus reste une remarquable performance.